La Rue Battant

Au bout du quai de Strasbourg, limitant à l’est le quartier Battant, coule le ruisseau de la Mouillère appelé au Moyen-Age « fons batenti » (source du battant) parce qu’il faisait fonctionner un moulin à fouler le drap. La rue et le quartier lui doivent sans doute leur nom.

Elle s’appela rue du Triomphe sous Louis XV pour commémorer la rentrée d’exil de trente membres du parlement qui s’étaient révoltés contre des édits qui imposaient de nouvelles charges à la Franche-Comté. On dressa des tables dans la rue Battant a leur retour le 12 novembre 1761 et l’on fêta leur retour avec un enthousiasme délirant.

Pendant la Révolution la rue prit le triste nom de rue des Piques.

Au numéro 10, une belle et grande façade du XVIe siècle, restaurée d’un enduit peint de fausses pierres (comme on le pratiquait déjà à l’époque) après l’incendie de 1986 qui avait ravagé ce bâtiment. (répertorié aux Monuments Historiques en 1937).

Encore une maison du XVIe siècle au numéro 12, la maison natale du baron Antoine-Louis Daclin, maire de Besançon de 1811 à 1816, à qui la ville doit de nombreux aménagements urbains : eaux, éclairage, etc.

Au 13 de la rue s’élève l’ancien hôtel Saint-Pierre qui a du être un relais de poste. C’est le sieur Pierre Daclin qui a construit la façade en 1736. On trouvait beaucoup de ces hôtels sous l’Ancien régime à Battant, fréquentés par les rouliers et les paysans les jours de foire. On peut voir dans la cour un bel ensemble de galeries et d’escaliers en bois ainsi qu’un passage pavé de galets du Doubs qui mène à la seconde cour (répertorié aux Monuments Historiques en 1991).

C’est l’ancien hôtel de la Charité que l’on trouve au 18, maison de ville du monastère de Haute-Saône du même nom. La façade majestueuse est ornée d’une niche où l’on lit la date de 1512. La statue originale de la Vierge fut mutilée à la Révolution et remplacée au XIXe. La tradition veut que Charles Weiss, protecteur des des artistes franc-comtois, soit né ici en 1779.

Le 29 restera dans les mémoires comme le siège de l’explosion de Battant : au début du XIXe siècle vivaient ici le sieur Joseph Bourgeois, huissier près le tribunal et artificier. Cette dernière fonction faisait qu’il gardait chez lui une grosse quantité de poudre que sa femme fit exploser par désespoir le 20 février 1813 quand elle apprit que son fils avait été tiré au sort pour faire partie du contingent. Cette catastrophe eut pour résultat la destruction de huit maisons et la mort de quarante-trois personnes.

Au 37, Jacques Bonvalot, seigneur de Champagney, fit construire l’hôtel de Champagney dans la première moitié du XVIe siècle. Sa fille Nicole Bonvalot, veuve de Nicolas de Granvelle ministre de Charles-Quint, fit remanier les locaux et aménager la cour de 1560 à 1565 par l’architecte Richard Maire. Quatre gargouilles exceptionnelles ornent la façade. La cour intérieure avec son passage voûté d’arêtes et ses galeries à colonnes de bois est magnifique. La restauration a adopté la couleur verte pour les bois qui étaient à l’origine blancs et peints d’une frise verte de vignes et de fruits. (répertorié aux Monuments Historiques en 1966).

Au 47, façade du XVIe siècle, au premier étage les trois baies sont surmontées d’un auvent de bois du XIXe siècle ou début du XXe (répertorié aux Monuments Historiques en 1937).

L’ancienne chapelle du couvent des Petits Carmes ou Carmes déchaussés s’élève au numéro 50 de la rue depuis 1645. Le couvent s’étendait de la rue Battant à la rivière. Le père Elisée (1726-1783) qui, remarqué par Diderot, devint prédicateur du roi à Versailles, venait de ce couvent (répertorié aux Monuments Historiques en 1937).

Au n° 51, un bâtiment du XVIe siècle (répertorié aux Monuments Historiques en 1937).

La maison qui s’élève au 97 est une des rares maison ayant pignon sur rue. Sa construction date du XVe siècle, la date de 1673 est gravée sur l’arcade de la cave et atteste de travaux plus tardifs (répertorié aux Monuments Historiques en 1937).

ml ph